Les œuvres cinématographiques et audiovisuelles coréennes bénéficient d’une grande visibilité sur le marché international, qu’il s’agisse de leurs présences et récompenses en festival : » Parasite » de Bong Joon-ho, Palme d’or en 2019 ayant atteint 1,9 M d’entrées en France, « Decision To Leave » de Park Chan-Wook, prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2022, « Hunt » de Lee Jung-Jae, présenté en Séance de minuit, et « Da-eum-so-hee », polar de July Jung, sélectionné à la Semaine de la Critique… mais également du succès de leurs séries telle que « Squid Game », 4ème au classement des programmes les plus consommés SVOD en 2021 en France et resté 20 semaines au top 10 des programmes non-anglophones sur Netflix.
La Corée du Sud a une activité de production cinématographique et audiovisuelle importante et un marché très actif : en 2019 selon le KOFIC, le marché du film coréen était estimé à 2,2 milliards de dollars. Malheureusement celui-ci a été très fortement impacté par la pandémie de COVID 19 et l’essor de la SVOD, passant sous le milliard de dollars en 2020 et 2021.
Cependant, les films coréens sont protégés et leur visibilité est notamment assurée par des quotas d’écran, tant en salle que sur les chaines de télévision, seules les plateformes de vidéo à la demande n’y sont pas soumises à ce jour.
Les marchés et systèmes de soutien français et coréens ont de nombreuses similitudes et lors du dernier festival de Cannes, le CNC et le Korean Film Council ont co-organisé une table ronde avec les acteurs des industries cinématographiques française et sud-coréenne, afin de comparer leurs fonctionnements et les opportunités de développement communes qu’ils permettent.
Du point de vue des financements, la place de l’investissement privé est prépondérante en Corée, les aides et subventions venant en appui, à l’inverse du cinéma français et doivent être considérés en cas de coproduction avec un partenaire coréen. Dans ce cadre, les investisseurs coréens sont notamment intéressés par l’essor des contenus produits pour les plateformes des vidéos à la demande.
Il reste cependant intéressant de revenir sur les différents systèmes d’aides disponibles s’agissant de la possibilité de collaboration entre la France et la Corée du Sud afin de coproduire des œuvres cinématographiques ou audiovisuelles.
La France et la Corée du Sud ont conclu un contrat de coproduction en 2006, dont les termes sont usuels et permettent de bénéficier du statut d’œuvre nationale dans les deux pays et ainsi des aides disponibles pour les œuvres nationales dans les deux pays.
La proportion des apports respectifs de chaque producteur d’un film cinématographique est comprise entre 20 et 80 %. Aucune dérogation à ces seuils n’est organisée. La participation technique et artistique des coproducteurs doit intervenir dans la même proportion que leurs apports financiers.
Le CNC et le KOFIC ont également annoncé la création au premier semestre 2023 d’une Académie France – Corée du cinéma comprenant un volet formation à destination des étudiants et école, un volet culturel avec la mise en place d’échanges entre professionnels et un volet industriel à destination des entreprises coréennes et françaises pour créer des cadres de collaboration efficaces. Un premier bilan sera réalisé lors du festival de Cannes.
La Corée du Sud a mis en place au début des années 2000, le Korean Film Council (KOFIC) afin d’organiser le soutien et la promotion du cinéma sud-coréen sur le marché national et à l’étranger.
Le KOFIC propose des aides aux industries locales et organise également la visibilité internationale de l’industrie coréenne via un site dédié KoBiz, facilitant notamment la mise en relation avec des producteurs, diffuseurs et prestataires coréens.
S’agissant des productions internationales, le KOFIC propose un crédit d’impôt international afin favoriser la localisation de tournages en Corée.
Ce dispositif est ouvert au films, séries télévisées et documentaires développés et produits par une société de production étrangère, c’est-à-dire avec un financement étranger supérieur à 80%, ce qui exclut de fait les films entrant dans l’accord de coproduction.
Deux taux sont proposés :
– 20% pour une présence de plus de 3 jours en Corée et des dépenses entre 50M KRW (env. 35 600 euros) et 800 MKRW (environ 571 000 euros) à de dépenses qualifiantes
– 25 % pour une présence de plus de 10 jours en Corée et des dépenses supérieures 800 MKRW de dépenses qualifiantes
Chaque projet doit obtenir l’approbation du comité d’examen qui évaluera, entre autres le degré auquel l’œuvre favorise le tourisme et la mesure dans laquelle l’œuvre contribue à l’industrie cinématographique coréenne.
De nombreuses villes et régions coréennes proposes des aides locales ou régionales : Séoul, Cheongpung, Incheon, Gyeonggi, Busan … sous la forme d’aides ouvertes ou dédiées aux coproductions internationales.
A cet égard, la plupart des régions proposent des aides pour les repérages et la production sur le territoire concerné, sous réserves d’un certains montant de dépenses dans la région et de l’implication de personnels et prestataires coréens.
A titre d’exemples, la commissions de Séoul propose de nombreux dispositifs ouverts aux coproduction internationales et organise notamment :
– Une aide au développement de scénario prenant en charge des billets d’avion aller-retour pour deux personnes maximum (classe économique), un espace de travail pendant 30 jours, une visite des lieux et un espace de réunion.
– Une aide à la production sous la forme d’un remboursement de 30 % de la part du budget de production dépensée à Séoul dans la limite de 300 M. de KRW (env. 214 000 euros), sauf si plus de 3 Milliards KRW (env. 2,1 M. d’euro) ont été dépensés à Séoul ; plus de 50 % du film a été tourné à Séoul ; ou des accords de distribution dans au moins 5 pays ont été signés pour le film.
– Une aide au repérage, sous la forme de billets d’avions (2 personnes en classe éco), les frais d’hébergement pour le repérage à Séoul jusqu’à 900 000 KRW (env. 640 euros) (jusqu’à 150 000 KRW par jour (env. 107 euros)/ par personne), les services logistiques d’un coordinateur et une voiture de location pour 3 jours.
La commission du film de Séoul a ainsi notamment soutenu « Okja » de Bong Joon Ho, coproduit par la Corée et les Etats-Unis, diffusé par Netflix et projeté au Festival de Cannes en 2017.
L’Asian Cinema Fund, mis en place en partenariat avec le festival du film de Busan, propose des aides au développement de scénario et à la post-production, à destination des films coréens.
L’aide au développement de scénario s’adresse aux cinéastes asiatiques pour l’écriture de leurs premiers ou deuxièmes scénarios de longs métrages de fiction en cours de développement.
Cependant aucun film coréen n’a bénéficié de ce soutien depuis 2015 et le site de l’Asian Cinéma Fund indique à ce jour souhaiter mettre en place un nouveau programme dédié aux projets coréens.
Le fonds de post-production fournit des services de post-production aux projets de longs métrages de fiction asiatiques indépendants : mixage sonore, sous-titres anglais etc.
Pour demander bénéficier de l’aide, le réalisateur du film doit être de nationalité coréenne, vivre et travailler en Corée et le film doit contenir des éléments coréens dans son histoire, son thème, son personnage etc.
Si l’aide est attribuée, la post-production a lieu dans les laboratoires de post-production mis à disposition par l’Asian Cinéma Fund, deux 2 billets aller-retour et 1 chambre d’hôtel étant attribués au bénéficiaire afin de permettre leur présence.
Une fois terminés, les projets sélectionnés doivent faire leurs premières mondiales au Festival international du film de Busan.
Cette aide a notamment bénéficié à « Moving on » de Danbi Yoon et « Way back home » de Sunjoo Park.
Nous avons pu voir que des aides, bien que peu nombreuses, existent et que les collaborations entre la France et la Corée du Sud peuvent être considérées dans le cadre du développement et de la production de films, dans le cadre de l’accord de coproduction comme en dehors.
Dans le cadre de telles collaborations internationales, il est primordial de s’assurer d’encadrer efficacement les relations entre les producteurs et leurs partenaires, tant pour le développement, la production que la distribution des œuvres.
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