Les relations culturelles entre la France et le Japon ont toujours été riches et nombreuses. Cela se reflète également en matière cinématographique. Ainsi, les films français s’exportent bien au Japon, avec 10 M € de recettes en 2017 et une sixième place au classement des pays en terme de recettes. Par ailleurs, l’offre de films japonais en France est constante et représente environ 10 films par an entre 2009 et 2018.
A cet égard, il est intéressant de considérer les mécanismes permettant à un producteur français de participer à la production de films japonais.
Il doit être noté en premier lieu que la France et le Japon n’ont pas mis en place d’accord de coproduction internationale permettant au film d’obtenir la double nationalité et de bénéficier des aides dans les deux pays. Aussi, il importe de considérer le meilleur montage possible pour assurer le financement d’une œuvre japonaise, sans le bénéfice notamment du fonds de soutien cinématographique en France.
En présence de cinéastes renommés, il est possible d’envisager de bénéficier d’un appui des chaines de télévision, des distributeurs et vendeurs internationaux ou de SOFICA. Ainsi, on peut évoquer qu’Arte Cinéma a coproduit « Still the water » de Naomi Kawase et France 3 cinéma a participé au financement du film « La vérité » de Kore Eda, sorti en décembre 2019. Les distributeurs et vendeurs peuvent quant à eux proposer des minimas garantis payable pour partis avant production du film et en tout état de cause escomptables.
A l’inverse, de tels apports sont peu probables ou faibles et il faut alors envisager les seules aides étatiques au Japon et en France.
Aides disponibles au Japon
Le Japon n’est pas un pays encourageant particulièrement les coproductions. Aucun crédit d’impôt n’est mis en place et une seule aide à la coproduction est proposée par l’agence japonaise des affaires culturelles.
Cette aide ne repose pas sur des accords de coproduction mais fonctionne conjointement avec le certificat UNIJAPAN. En effet, le certificat UNIJAPAN, qui vise à promouvoir la coproduction entre le Japon et d’autres pays en établissant des normes de production, est nécessaire pour demander à bénéficier de l’aide à la coproduction.
L’aide doit être demandée par le producteur japonais, les dépenses qualifiables devant atteindre a minima 100 M Yen (approx. 830 000 euros).
Elle est établie à 20% des dépenses qualifiables dans la limite de 50 M Yens (approx. 415 000 euros) mais peut être augmentée sélectivement à 100 M Yen (approx. 830 000 euros) pour les projets ayant un budget supérieur à 300 M Yens (approx. 2,48 M €).
Il doit être noté que l’aide est sélective et payée seulement après complétion du film, ce qui peut être contraignant dans le cadre de la production, les dépenses n’étant en revanche pas soumise à une localisation au Japon mais doivent être réalisées dans l’année.
On peut aussi évoquer le Cool Japan Fund qui a été créé en 2013 en tant que fonds public-privé dans le but de soutenir le développement et de promouvoir la demande étrangère de produits et services japonais, notamment s’agissant de contenus et de médias.
À titre d’exemple, il a participé à la création du fonds d’investissement Japan Contents Factory. Ce fonds est destiné à contribuer au développement de la production de contenus au Japon et à la distribution des œuvres japonaises à l’étranger en fournissant une plate-forme de collecte de fonds aux sociétés de production. Par conséquent, le fonds participera à la production de contenus.
Le fonds Cool Japan Fund a également investi dans le groupe d’animé nord-américain dirigé par Sentai Holdings Le Cool Japan Fund vise ainsi à accroître la présence globale des dessins animés japonais sur le marché nord-américain. Une initiative similaire pourrait être développée pour l’espace européen.
Aide au cinéma du monde
L’Aide aux cinémas du monde est une aide sélective accordée à une société de production établie en France dans le cadre d’une coproduction de films cinématographiques avec une entreprise de production établie à l’étranger. Elle peut intervenir avant réalisation ou au stade de la post-production du film.
S’agissant de l’aide avant réalisation, elle est plafonnée à 250 000 € maximum par projet (avec une moyenne de 120 000 euros par films) soutenu) alors que l’aide après réalisation a un plafond de 50 000 € (en général entre 30 et 50 000 €).
A titre d’exemples, « Yokogao » de M. Kôji Fukada s’est ainsi vu attribué une aide à la production de 130 000 euros, « Vers la Lumière » de Naomi Kawase 100 000 € et Voyage sur l’autre rive de Kiyosi Kurosawa 150 000 €.
Il doit toutefois être rappelé que le montant total des aides publiques françaises accordées à une même œuvre ne peut excéder 50 % des financements de la part française du projet. Ce taux peut néanmoins être porté à 80% pour les premiers ou seconds longs métrages d’un réalisateur, les œuvres dont le budget final est inférieur à 1 250 000 €.
Eurimages
On peut également évoquer que sous réserve de respecter les critères mis en place un soutien d’Eurimages est possible. Pour rappel, le budget annuel est de 26 M d’euros et l’apport par film peut atteindre jusqu’à 500 000 € pour les fictions et films d’animation et 25% du coût total de la production du film
On peut ainsi évoquer « La Verité » de Hirokazu Kore-eda coproduit notamment par producteurs français et belges a été soutenu à hauteur de 116 000 €.
Les conditions sont assez strictes et notamment : les traités de coproduction doivent être respectés, 50% de l’apport de chaque coproducteur doit être confirmé, la part des coproducteurs non-européens est limitée à 30%. Dans le cas d’une coproduction multilatérale, la participation du coproducteur majoritaire ne doit pas dépasser 70% du budget total de coproduction et la participation de chacun des coproducteurs minoritaires ne doit pas être inférieure à 10%. Dans le cas d’une coproduction bipartite, la participation du coproducteur majoritaire ne doit pas dépasser 80% du budget total de coproduction et la participation du coproducteur minoritaire ne doit pas être inférieure à 20%. Pour les coproductions bilatérales dont le budget excède cinq millions d’euros, la participation du coproducteur majoritaire ne doit pas dépasser 90 % du budget total de la coproduction.
Aux vues de ce qui précède, il apparaît bien que les collaborations entre la France et le Japon peuvent être considérées dans le cadre du développement et de la production de films, bien que les aides disponibles soient peu nombreuses. Dans le cadre de telles collaborations internationales, il est primordial de s’assurer d’encadrer efficacement les relations entre les producteurs et leurs partenaires, tant pour le développement, la production que la distribution des œuvres. Pour ce faire, le recours à un cabinet spécialisé est fortement recommandé afin de répondre aux mieux aux besoins des producteurs
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