La sortie en octobre 2018 de « Capharnaüm » de Nadine Labaki, a de nouveau mis en lumière les partenariats de co-production entre la France et les pays du Moyen-Orient, tout comme « L’insulte » de Ziad Doueiri en 2017. En 2016 « Je danserai si je veux » de Maysaloun Hamoud coproduit entre la France, Israël et la Palestine témoignait déjà de ces partenariats.
Que ce soit avec le Liban ou Israël, les liens sont pérennes, et bien que modéré, le nombre de coproduction est stable. On compte une coproduction majoritaire franco-libanaise par an ces 3 dernières années, 2 entre la France et Israël en 2017. On a pu compter jusqu’à quatre coproductions majoritaires franco-israélienne en 2012 et 2013.
Ces relations reposent notamment sur des accords de coproduction entre la France et les pays du Moyen Orient mais également sur des solutions de financement nationales ou locales.
ACCORDS DE COPRODUCTION FRANCO-LIBANAIS ET FRANCO-ISRAELIEN
La France a signé des accords de co-production avec le Liban et Israël, respectivement en 2000 et 2002, soit depuis peu longtemps au regard de beaucoup d’autres pays.
L’accord de co-production Franco-Libanais comporte des dispositions très souples en prévoyant des apports pouvant varier entre 10 à 90 %, étant néanmoins entendu que l’apport du coproducteur minoritaire doit comporter une participation technique et/ou artistique effective égale au moins à 20 % du budget total. Il est entendu de manière habituelle qu’un équilibre général doit être recherché entre les contributions des deux pays.
L’accord de co-production Franco-Israélien prévoit quant à lui que a proportion des apports respectifs du ou des coproducteurs de chaque Partie dans une œuvre cinématographique de coproduction peut varier de 20 % à 80 % du coût définitif du film, avec une dérogation possible à 90/10%. Il est précisé que la participation technique et artistique des coproducteurs doit intervenir dans la même proportion que leurs apports financiers sauf dérogation exceptionnelle. Les films produits dans le cadre de ces accords de coproduction ont le statut de film national dans les deux pays et peuvent ainsi potentiellement bénéficier des aides réservées aux films nationaux de chaque pays.
AIDES NATIONALES ET LOCALES
Le soutien du Israël Film Fund est accordé à des longs métrages israéliens , y compris les coproductions officielles dans le cadre d’un accord de coproduction, d’une longueur d’au moins 80 minutes, destinés principalement à la sortie en salles.
Le Fonds peut investir jusqu’à 70% du budget « below the line » tel qu’approuvé et le soutien financier peut aller de 50 000 à 600 000 dollars.
Au niveau local, les producteurs internationaux peuvent également se tourner vers le Jerusalem Film and Television Fund qui propose un crédit d’impôt spécifique, qui correspond à un remboursement de 60% du budget dépensé à Jérusalem dans la limite de 10 000 000 de shekels (environ 2,4M €).
Les conditions sont strictes et notamment le budget de production en Israël ne doit pas être inférieur à 8 millions de shekels (pas loin de 2 millions d’euros) étant entendu que le budget prévu pour Jérusalem ne doit pas être inférieur à 25% du budget de production total en Israël et ne pas être inférieur à 2 millions de shekels (environ 480K €). Jérusalem doit être central dans le film et au moins 50% des journées de tournage prévues en Israël avoir lieu à Jérusalem. Il est enfin entendu qu’au moins 80% du budget de production doit être sécurisé et provenir de l’étranger.
Quant au Liban, les offres d’aides sont restreintes. En effet, les aides du ministère de la culture libanais en faveur de la production cinématographique ont un budget modeste : 80 000 dollars annuels. Le soutien à un projet varie de 5000 à 8000 dollars. Il est soumis à une forte concurrence car il couvre l’écriture et le développement, la production mais également le marketing et toutes activités cinématographiques.
Cela conduit nécessairement à se tourner vers des fonds privés, associations ou festivals.
FONDS PRIVES, ASSOCIATIONS ET FESTIVALS
Les films arabes ou avec un réalisateur arabe peuvent solliciter le soutien de l’AFAC (arab fund for art and culture). L’aide au cinéma est ouverte à de nombreux projets (courts, moyens et longs métrages, projets d’animation et de films expérimentaux) en phase de développement et d’écriture de production ou de post-production. Les subventions de développement ont un maximum de dix mille dollars américains et celles de production et de post-production peuvent aller jusqu’à cinquante mille dollars américains.
Le DOHA Film institute propose des aides à la production cinématographique. Un financement pour le développement, la production et la postproduction est disponible pour les réalisateurs de premier et second film Qatari et plus généralement de la région Moyen Orient Afrique du Nord pour des projets de long métrage. L’aide à la post-production est également ouverte aux réalisateurs internationaux. Pour les films de longs métrages le montant maximum des aides va de 20 000 dollars maximum pour le développement à 100 000 dollars maximum pour la production. L’aide à la post-production peut atteindre 75 000 dollars. A noter de manière favorable que lors de la première présentation du dossier les documents peuvent être soumis en français. Parmi les films soutenus récemment il est possible d’évoquer « La belle et la meute » de Kaouther Ben Ania (coproduit notamment avec la France et le Liban) ou « Abou Leila » de Amin Sidi-Boumédiène, en cours de production entre l’Algérie, la France et le Qatar.
On peut également noter au Liban l’initiative du Screen institute Beirut, qui apporte son soutien à la production de longs métrages documentaires. Il soutient une quinzaine de projets par an dans la limite de 15 000 dollars par projet.
SANAD of Abu Dhabi Film Festival et ENJAAZ of Dubai International Film Festival (DIFF) offrent également tous deux des aides. SANAD propose ainsi aux cinéastes de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord un soutien pour le développement (jusqu’à 20 000 USD par projet) ou la réalisation de leurs longs métrages de fiction et documentaires (jusqu’à 60 000 USD par projet). ENJAAZ apporte notamment un soutien financier à la postproduction de projets cinématographiques dirigés par des cinéastes arabes, avec un soutien moyen important de 100 000 USD. Le fond est actif et a supporté plus de 130 films depuis sa création en 2009.
Aux vues de ce qui précède, il apparaît bien que les collaborations entre la France et les pays du Moyen Orient disposent de multiples possibilités de financement et peuvent être considérées dans le cadre du développement et de la production de films. Dans le cadre de telles collaborations internationales, il est primordial de s’assurer d’encadrer efficacement les relations entre les producteurs et leurs partenaires, tant pour le développement, la production que la distribution des œuvres. Pour ce faire, le recours à un cabinet spécialisé est fortement recommandé afin de répondre aux mieux aux besoins des producteurs.
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